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Lettre d’information de TRAC N°2 – Août 2020

Publié le 17 août 2020 par Aljoscha Publié dans Actualités Laisser un commentaire
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LES DEUXIEMES RENCONTRES TRAC EN PREPARATION

Après avoir mis en place un site internet, et une lettre d’information, le TRAC veut reprendre son activité de partage d’information et de fonctionnement en réseau afin de promouvoir les initiatives artistiques et culturelles dans le monde du travail.

Comme nous l’avions annoncé en conclusion à la Bobine à Grenoble en février dernier, une nouvelle journée de rencontre était nécessaire pour finaliser nos réflexions et structurer le réseau TRAC.

Lors de sa dernière réunion au TNP de Villeurbanne début juillet, L’équipe d’animation TRAC a ainsi travaillé sur le contenu de cette deuxième journée. Nous vous présentons donc aujourd’hui les principaux axes de cette journée.

Cette deuxième rencontre est donc prévue pour le mois de novembre de cette année, cette fois à Lyon, le lieu étant encore à trouver.

DÉMARCHE COMMUNE

Afin de vous impliquer dans cette journée, et de véritablement fonctionner comme un réseau, nous vous communiquons le premier programme de cette journée pour le soumettre à votre avis. C’est pour s’adapter au mieux à vos besoins en terme de connaissances et d’outils, et pour suivre les recommandations de la journée du 13 février que nous adoptons cette démarche.

L’objectif de cette nouvelle journée est d’amener les participants à revenir sur les questions clefs, à s’interroger, et à mieux définir les enjeux et la nécessité de construire des ponts entre « Travail » et « Culture », afin de mieux envisager des axes possibles de réalisations concrètes.

AU PROGRAMME

Matinée

En atelier, sous la forme de world café en petits groupes, nous aborderons 3 questions clefs. Nous devons nous les ré-approprier afin de mieux partager les enjeux en terme de politique culturelle et de projets.

  • Pourquoi réaliser des projets artistiques et culturels avec les salariés ? Dans les entreprises ? Sur le travail ?
  • En quoi l’art et la culture sont un enjeu majeur pour la transformation sociale ?
  • Sur quels critères construire une programmation culturelle ?

Nous solliciterons de grands témoins pour accompagner la réflexion collective et aider à la formalisation des idées.

Après-midi

Après avoir re précisé ensemble le cadre de notre réflexion, nous ouvrirons ensemble le chantier des actions possibles et souhaitables sous forme de groupes de travail. Plusieurs pistes seront proposées pour envisager de la façon la plus concrète possible des axes de travail commun. L’enjeu est bien de sortir de la journée avec des axes de travail commun.

  • Quel cycle de formation? Plusieurs formations pourraient être envisagées, sur l’histoire de l’art, sur les CSE et les budgets, sur les manières de monter un projet culturel, et sur l’éducation populaire.
  • En tant qu’artiste ou acteur culturel, comment rencontrer et travailler avec des CSE ? En général ces acteurs méconnaissent les CSE, leurs représentants, les financements, les chemins pour envisager des actions communes.
  • Quels thèmes pour une programmation de conférence-débats, ou des ciné-débats?
  • Comment créer un alter-salon? Les salons des CE sont devenus de vastes espaces commerciaux occupés par les grandes enseignes. La culture se résume en général à des stands de grands parcs de loisirs, alors que tellement d’alternatives existent….
  • Comment utiliser le site internet de TRAC comme un outil de partage ? Le site pourrait devenir un outil d’information, de suggestion de spectacle et d’œuvres, de partage en terme de réflexion

Nous attendons vos retours sur cette journée afin de prendre en compte vos remarques, vos idées et vos besoins pour une meilleure coopération entre ces deux mondes.

L’équipe d’animation de TRAC

Lettre d’information de TRAC N°1 – Juin 2020

Publié le 8 mai 2020 par Aljoscha Publié dans Actualités Laisser un commentaire
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Pour vous inscrire, et recevoir la lettre d’information de TRAC, vous pouvez cliquer sur ce lien et remplir les informations demandées : Invitation

Edito

En février 2020 se tenait la première rencontre du réseau TRAC à Grenoble. Les riches échanges entre les participants présageaient un lancement dynamique qui avait été prévu en mars avec la création d’un site internet et un deuxième rencontre avant l’été. Personne n’avait imaginé qu’un virus allait bouleverser nos vies, l’économie planétaire, et … notre projet.

L’impact est encore difficile à mesurer mais il est certain que cette pandémie nous percute de manière phénoménale et va questionner notre capacité collective à se protéger et à « faire société ». Comment les entreprises vont elles surmonter la probable dépression dont les économistes parlent ? Comment le secteur culturel, les artistes vont ils survivre à une possible année sans activité ? Les premiers signes sont inquiétants : non seulement des millions de salariés ont continué de travailler exposés au risque, d’autres contraints au télétravail, mais de nombreux secteurs, malgré les annonces d’aides, risquent fermetures et licenciement. Avec le risque que les plus fragiles, comme toujours, soient sacrifiés.

D’autres signes sont encourageants : Le changement de regard sur ces travailleur-se-s qui étaient « invisibles » désormais perçus comme indispensables et courageux. L’expérience de l’arrêt de travail longue durée qui re questionne ce qui est essentiel dans nos vies. Notre modèle de société, le travail et la culture, doivent faire l’objet d’une réflexion partagée pour sortir de cette crise par le haut. Les applaudissements et manifestations de balcons, les pétitions et appels durant le confinement, les solidarités du quotidien, la vigilance syndicale pour garantir la sécurité au travail, la créativité des artistes sur les réseaux sociaux, tout cela doit nous encourager à œuvrer pour plus de solidarité et de projets communs. Nous vous invitons d’ores et déjà à nous faire remonter les informations concernant les projets en cours à la croisée du monde du travail et la culture. Résidences, festivals, ateliers, etc.. qu’en est-il de par chez vous? La construction du réseau TRAC a plus que jamais tout son sens.

L’équipe d’animation de TRAC s’est ainsi réunie durant tout le confinement pour faire avancer les choses. Cette première lettre d’info, le site. Nous vous tiendrons au courant de la tenue de notre deuxième rencontre dès que la situation sanitaire le permettra.

L’équipe d’animation de TRAC


Le TRAC, c’est quoi ?

Le TRAC, pour Travail, Réseau, Art et Culture, est un projet né des conclusions de l’étude réalisée entre 2014 et 2015 sur les activités culturelles des comités d’entreprises en Rhône-Alpes (réalisée par une équipe de chercheurs de l’Université Lyon 2 et par des syndicalistes de la CGT Rhône-Alpes, avec le soutien de la DRAC et de la Région). Cette étude pointait les mutations à l’œuvre. Un article a été rédigé sur le sujet, et est disponible sur le site internet de TRAC.

Un film documentaire et des formations ont ensuite été réalisés. Depuis le 1er janvier 2020, le Comité Social et Economique (CSE) remplace les anciennes Institutions Représentatives du Personnel (IRP). Ce bouleversement interroge la place allouée aux Activités Sociales et Culturelles (ASC).

C’est dans ce contexte que s’est créé un collectif d’acteurs des arts, de la culture et du travail, avec pour objectif de favoriser les échanges, le partage de pratiques, la mutualisation de projets, l’information et la formation. Plus généralement, il s’agit de constituer un réseau et de questionner le sens de nos activités dans une perspective émancipatrice.

Le 13 février s’est tenu une journée de rencontre entre des acteurs et actrices intéressé.e.s par l’idée de rencontre entre les mondes du travail et des cultures. En mettant autour de la table une cinquantaine de personne, cette journée à permis à la fois d’échanger sur nos raisons de créer ce nouveau réseau, mais également de faire remonter les défis, les craintes, les doutes des élu.e.s, des salariés, des artistes et des espaces culturels, mais aussi leurs besoins, et les expériences culturelles qui ont déjà été mises en place. Nous vous invitons une nouvelle fois à consulter le site internet de TRAC pour voir les comptes-rendus et les retours qui ont été fait de cette journée d’échange.

Le TRAC se munit dès à présent d’un site internet et d’une lettre d’information qui servent de support pour une créer une dynamique entre les mondes du travail et des cultures.


3 questions aux membres de TRAC

Dans cette première lettre d’information nous avons décidé de poser les 3 mêmes questions à quelques personnes et structures impliquées dans le réseau TRAC, afin de mieux nous faire connaître, et d’exposer les grandes idées qui guident notre action. Nous retranscrivons ici leurs réponses aux trois questions :

  1. En quoi le rencontre entre le travail et la culture est un enjeu ?
  2. Dans quelles dynamiques l’art, la culture et les mondes du travail peuvent s’engager ?
  3. Pourquoi votre structure s’engage-t-elle dans cette initiative ?

Lise Bouveret, membre de la CGT en Auvergne-Rhône-Alpes

« Dans un contexte de marchandisation accrue et d’individualisation de l’accès aux œuvres artistiques et culturelles, la lutte pour une société solidaire, démocratique s’inscrit nécessairement dans une dimension collective que les actions culturelles peuvent porter. La rencontre entre des salariés et des artistes est vecteur de la prise de conscience de l’aliénation et des voies de transformation en développant la curiosité et un regard critique sur le monde.

Je me méfie d’une vision d’une culture apportée aux travailleurs, de ce qu’on appelle la démocratisation culturelle. Parce que le travail est porteur de culture, même dans des conditions difficiles, une rencontre féconde entre la culture et le travail ne peut se construire qu’en terme de réciprocité, d’échange. Elle donne à voir qu’une œuvre est le résultat d’un travail et que l’activité professionnelle met en jeu la créativité de l’individu.

La CGT a construit de longue date un compagnonnage avec le monde de la culture, avec les artistes et les œuvres culturelles. Ces relations ont été particulièrement soutenues dans le cadre des actions des comités d’entreprises. La désindustrialisation, les restructurations d’entreprises, la désyndicalisation ont mis à mal le réseau des comités d’entreprise avant que les réformes du droit du travail transforment le cadre réglementaire des activités culturelles des CSE. En même temps le consumérisme et l’individualisme ont imprégné la société.

Pour autant la résistance reste à l’ordre du jour et si le cadre évolue, des aspirations à un renouveau démocratique existent que le collectif peut faire vivre. »

Sylvie Moreau, attachée aux relations avec le public, TNP-Théâtre National Populaire

« Les bouleversements du monde du travail (restructurations féroces, coupes budgétaires, réformes…), impactant notamment les comités d’entreprises, me donnent du fil à retordre mais ne font qu’asseoir ma conviction que la présence de la culture dans la vie des travailleur-se-s est plus que jamais vitale.

Tout ne peut se réduire à la notion de divertissement ou de consommation frénétique et béate, qui ont le mérite d’exister, mais éloignent du loisir au sens du scholè : celui qui permet de prendre de la hauteur face aux injonctions massives qui remplissent tous les interstices. Outre le plaisir du temps de la représentation, le théâtre autorise une rupture et nourrit l’esprit critique essentiel à l’humain, qui renoue ainsi avec un loisir choisi et actif. En retour, les artistes pourraient davantage boire dans la coupe du monde du travail : s’abreuver d’un fond sonore propre à une zone de production ; décortiquer cette langue managériale, si singulière qu’elle en devient torve et inintelligible ; déposer sur leur palette chromatique les reflets de différents matériaux ; collecter les paroles…  Bref, prendre le temps et faire naître une œuvre de cette source encore si peu explorée.

Quand bien des théâtres ont abandonné des relations trop difficiles avec le monde du travail, le TNP renforce cette proximité avec les travailleur-se-s d’aujourd’hui et propose à ses artistes associés de se nourrir de cette culture du travail. »

Michel Szempruch, Association Le Fil Rouge

« Si nous œuvrons pour une société démocratique et auto émancipée, la culture au sens de ce qui fait société, donc la démocratie, ne doit pas s’arrêter à la porte de l’entreprise. L’activité culturelle (savoirs, esprit critique, créativité personnelle, projets collectifs, etc…) est essentielle pour s’émanciper de la « culture d’entreprise », du néo management, de la subordination salariale, de l’atomisation du collectif. Il faut dire aussi que le travail, comme activité humaine collective de production et de transformation est culture et fait culture, doit être reconnu comme tel.

L’art et l’activité culturelle au sens large, apportent beaucoup aux personnes dans leur construction personnelle, leur épanouissement intellectuel, l’ouverture aux idées et aux émotions nouvelles. Ils nourrissent l’intelligence des travailleurs dans leurs activités professionnelles, leurs prises de décision. Elle est également un facteur d’expression et de lien social fort quand les personnes pratiquent elles-mêmes une activité artistique. Aller au spectacle ou faire de la musique avec d’autres est structurant du lien social, des aventures collectives.

L’association Le Fil Rouge s’implique depuis des années dans des projets documentaires notamment sur le Travail, avec des musées, des partenaires culturels, des CE et syndicats. Nous avons réalisé de nombreux films dont « Les maux du travail » sur la santé au travail et le néo management, mais aussi « CE, Histoires, mémoires, enjeux des CE en Rhône-Alpes », ou des vidéos pour le Musée Dauphinois sur les papetiers par exemple.

Nous nous impliquons dans le projet pour résister avec d’autres, au délitement consumériste des politiques culturelles et impulser des initiatives communes. »

Olivier Perriraz, metteur en scène et membre de L’épicerie Culturelle

« Le travail est souvent exercé dans une communauté de travail que l’on nomme entreprise. C’est là que des individus vont choisir, prendre ou accepter de représenter les autres, par le biais de CSE, afin de leur proposer des voyages, des spectacles, des expositions, des films ou des concerts. Le choix ne sera jamais anodin et reposera souvent par une perception personnelle des choses. Dans le pire des cas, c’est en utilisant la marchandisation des loisirs que vont être confrontés les élus pour faire leur choix. Si cette approche est anticipée, les élus en charge de cette responsabilité pourront adosser leurs propositions à une pensée, une philosophie dans laquelle le recours aux arts permet un esprit critique plus concernée par les enjeux de la société.

Pourquoi travailler ? Simplement pour un salaire et assouvir sa faim ? Le recours aux arts permet à un individu de répondre par l’esprit critique à ces quelques questions fondamentales de son existence. La communauté de travail n’est pas un lieu déconnecté des grandes questions qui traversent l’époque et la société dans laquelle les citoyens vivent ensemble. Cet enjeu est vital et ne peut pas être négligé.

Pour donner à voir et à entendre. L’épicerie culturelle est une compagnie de théâtre qui tente de diffuser la culture dans tous les endroits où elle est absente. Son conseil d’administration est constitué de syndicalistes et d’artistes qui réfléchissent ensemble à la création de moyens qui permettent de répondre à ce but d’éducation populaire. »

Pour vous désinscrire de la lettre d’information, cliquez sur ce lien : Désinscription.

Mots-clés: Lise Bouveret Michel Szempruch Olivier Perriraz Sylvie Moreau

Compte rendu de la journée du 13 février 2020

Publié le 13 février 2020 par Carl Publié dans Actualités Laisser un commentaire

Une recherche action menée en 2014/2015 sur les activités sociales et culturelles des Comités d’Entreprise.

Pour commencer cette journée, il était important de revenir sur les origines et les causes qui ont amené à sa réalisation. Le projet de re-créer des liens entre les acteurs du monde du travail et de la culture naît en particulier en 2014/2015, avec la réalisation d’une étude sur les activités culturelles des Comités d’Entreprises, menées par l’université Lumière Lyon 2 et par la CGT. Plusieurs questions centrales traversent ce travail : d’abord, quel rôle joue les CE dans ces activités sociales et culturelles (ASC) ? Que reste-t-il de la volonté de faire connaître la culture sur les lieux de travail ? Rappelons que les CE ont plusieurs attributions, dont les ASC (non obligatoire) qui nous intéresse ici.

​Pour revenir ici sur les grandes lignes de cette recherche action, un questionnaire a été diffusé auprès de 70 CE de la région AURA, principalement dans le secteur privé marchand, mais également dans le secteur public marchand et dans la fonction publique territoriale. Les résultats tendent à montrer plusieurs constats : D’abord qu’il existe une très forte disparité dans les moyens entre les CE, notamment en terme de ressource économique. Si les budgets des CE pour les ASC peuvent varier entre 0,2 % et 5,4 % de la masse salariale, 50 % de ceux ci étaient à moins de 1 % de la masse salariale de leur entreprise. Mais les disparités existent aussi en terme d’espaces à disposition des CE pour réaliser des activités, de la présence ou non de salarié.e.s au sein du CE,…

On constate également une très grande diversité des activités culturelles mise en place. Si la très grande majorité des CE consultés ont recours à un système de billetterie, certains peuvent avoir une forme d’action sur celle-ci, en ciblant certains spectacles en particulier, en organisant des rencontre autour de ceux-ci,… le constat ici est que ce ne sont pas forcément les CE les mieux dotés financièrement qui font le plus d’activité quantitativement et qualitativement. Cette diversité d’activité dépend en grande partie de la volonté des élu.e.s à prendre des initiatives, à prendre des risques. C’est ainsi la question de la formation des élu.e.s qui se posent.

​Quelques constats sont également à ajouter à cette étude : d’abord le facteur économique joue dans les réalisation des CE. La plupart des grands établissements du privé ont aujourd’hui connu de forte restructuration, et les CE se concentrent souvent dans les grands établissements, avec une forte proportion de cadres, et moins d’employés, ou d’ouvriers qui sont souvent dans des entreprises sous-traitantes, externalisées, et souvent sans CE. Touchés les populations les plus précaires est alors un défi pour les CE. C’est également l’éloignement du lieu d’habitation et du lieu de travail qui joue dans la mise en place et dans la réception des ASC que peuvent mettre en place les CE. il est rare que les CE soient implantés dans la même ville que les employés, et on peut se demande comment proposer des activités si les salariés ne vont pas ou peu y participer ? À la suite de cette recherche action, un film documentaire sur les CE a été réalisé par l’association le Fil Rouge. Un week-end de formation a aussi été réalisé en 2016 pour former des élus sur le montage de projet culturel. 

Retour juridique et sur les enjeux de l’évolution du CE en CSE

​Les contextes politiques et institutionnels aujourd’hui jouent dans la possibilité de réaliser de l’action culturelles au sein des entreprises. En premier lieu la transformation des CE en Comité Social et Economique (CSE) avec la loi Travail de 2016, qui ré-interroge en pratique la place allouée aux ASC. Un retour sur cette évolution du droit est nécessaire pour mettre en perspective les transformations des institutions représentatives du personnel. Au 1er janvier 2020, tous les CE devaient être des CSE. En pratique, cette nouvelle instance qui regroupe plus de prérogatives que les CE sont composées de moins d’élus qu’auparavant, moins de budget, avec des heures de délégations qui se concentrent sur une minorité d’élus, au risque qu’elle se professionnalise et s’éloigne du travail. En unissant l’ensemble des IRP au sein du CSE, c’est la charge de travail qui augmente pour les élus, avec le risque de voir les ASC très largement relayées au second plan.
​Sur les activités sociales et culturelles en elle même, le monopole de gestion est conservé dans le droit. Les CSE sont donc les seules habilités par le droit à réaliser des actions sociales et culturelles dans leur entreprise, et peuvent revendiquer toutes activités facultatives entreprises par l’employeur (ainsi que sa ligne budgétaire). À l’inverse, le calcul du budget pour les ASC n’est plus calculé de la même manière. Il n’a toujours pas de minimum légal, et se calcule non plus sur le meilleur budget des 3 dernières années, mais en fonction de l’évolution de la masse salariale. On peut donc avoir un budget en baisse d’une année sur l’autre. C’est aussi l’assiette de calcul qui évolue, en ne tenant plus compte des indemnités de rupture des contrats de travail. Ainsi en cas de restructuration d’entreprise, les indemnités ne sont plus comprises dans le calcul du budget des ASC. Une nouveauté s’invite dans le budget. On peut transférer d’une année sur l’autre jusqu’à 10% du budget de fonctionnement ou des ASC d’un CSE. Enfin, l’employeur peut décider d’afficher l’équivalent en salaire des ASC sur les fiches de paye des salarié.e.s. En donnant ce regard particulier sur le budget, un risque existe de donner l’impression qu’une partie du salaire est « détourné » par le CSE, en occultant les avantages de la mutualisation.

Exemples d’actions culturelles mis en place ou à mettre en place

​Deux expériences ont été données en exemple pour donner à voir des formes de collaboration entre monde du travail et des cultures :

​ST Microelectronics a utilisé le budget d’habitude réservé à la billetterie pour réaliser d’autres actions culturelles. L’idée est de donner une vie à la culture au sein de l’entreprise, et non plus que le CSE serve uniquement de « guichet ». Le CSE a par exemple mis en place une exposition dans ses locaux. Dans un autre registre, des spectacles et des conférences autour de la danse ont été réalisé, notamment avec les chorégraphes. En donnant les clés de compréhension de la danse, en faisant débattre les salarié.e.s et les chorégraphes, l’action été une réussite dans la mesure où de nombreuses personnes on souhaité continué à aller voir des spectacles. En s’alliant également avec d’autres CSE environnant, des actions ont pu voir le jour, comme le festival de cinéma Ecran Total. Ce dernier, crée en 2002, a une forte volonté politique. En constatant le développement des multiplex et de la billetterie à leur encontre, le festival se veut une alternative à la consommation culturelle de masse. Son objectif est d’à la fois promouvoir une programmation originale, de donner à voir le travail au cinéma, et de faire connaître l’économie et le monde du cinéma.

​Pour eux, certaines démarches artistiques se prêtent plus que d’autres au terrain de l’entreprise. Pour le cas du théâtre, le temps de rédaction d’une pièce, les répétitions et toute la durée de la réalisation prennent plus de temps à se mettre en place qu’un festival de cinéma par exemple. Plusieurs difficultés ont été rencontrées :

  1. La commission culture de ce CSE a du convaincre les autres élu.e.s, qui ont souvent un travail d’élu.e très routinisée, et convaincre les salarié.e.s à participer à la démarche.
  2. La construction d’un projet culturel prend beaucoup de temps et d’investissement, qui demande souvent un fort investissement bénévole (par exemple pour installer les équipements de cinéma, gérer une buvette,…)
  3. Le fort enjeu des élections pour les CSE donne également une large place au complément de salaire, comme les chèques cultures, qui sont directement perçu par les salarié.e.s comme une hausse du pouvoir d’achat. Cependant, les CSE ne doivent pas écarter ces rétributions des programmes d’action culturelle. En effet, l’action culturelle doivent se faire « à côté » de ces formes de complément de salaire pour continuer à soutenir les salarié.e.s.
  4. Pascale Puig, qui participe à la réalisation du festival Ecran Total rajoute quelques précisions en terme de contrainte. Pour que se réalise ces initiatives, les élus doivent être en confiance avec leurs salarié.e.s et doivent également être formé à la mise en place de ces dispositifs.
  5. L’association de différents CSE est souvent un fort atout à la fois financièrement, mais particulièrement humainement, puisque plus de personnes peuvent se consacrer à la réalisation d’actions culturelles.

​La seconde expérience est celle du festival du Premier Roman. Il est le seul festival participatif en France, et compte ainsi 3200 lecteurs qui participent à l’élection du lauréat du festival. C’est l’association Lecture plurielle qui met en place le festival, avec pour objectif de promouvoir la lecture pour le plus grand nombre. Des comités de lecture sont ainsi constitués dans différents endroits et auprès de différents publics. Il existe des comités de lecture de « public empêché », comme les détenu.e.s, où dans les hôpitaux. Ces comités peuvent choisir des auteur.e.s et réaliser des journées d’accueil et de présentation.

​Dans le cas des entreprises et des CSE, différentes actions peuvent être envisagés, et qui s’étendent à d’autres domaines que la seule association Lecture Plurielle. C’est aussi en tant que monde clos que l’entreprise doit être abordé, et l’intérêt d’une démarche artistique est de donner un regard sur ce monde. Très concrètement, des boîtes à livres, des comités de lecture, des prix de CSE en particulier ou des journées de rencontre peuvent se faire au sein d’une entreprise. C’est également la possibilité pour certains CSE de mettre en place des résidences d’entreprises. Dans les cas des hôpitaux, Lecture Plurielle réalise des résidences d’artistes qui doivent réaliser des nouvelles ou des textes qui seront ensuite diffusés. Ce même type d’expérience peut-être réalisé dans une entreprise.

Retour des ateliers

1. À partir d’expériences : Construire un projet culturel, pourquoi ? Comment ? Avec qui ?

​Dans ce premier atelier, les retours se sont portés sur les 3 grandes questions. Pourquoi réaliser un projet culturel tout d’abord. Ceux-ci sont nécessaires pour donner une égalité d’accès à la culture, dans la mesure où le travail et la division sociale de l’accès à la culture éloignent certaines personnes des lieux et actions culturelles. En ce sens, faire venir l’action culturelle au sein du lieu de travail permet de sensibiliser, et de donner des clés d’accès aux différentes formes d’œuvres artistiques. Les projets culturels sont également moteur de vivre ensemble, de construction de lien, et permettent de ré-ancrer le travail dans sa culture spécifique, de valoriser ces patrimoines. La culture permet enfin de développer l’esprit critique.

​Comment réaliser un projet culturel ? En créant des lieux de ressources, outils aux services des salarié.e.s et des artistes, chercheur.se.s,… qui permettent d’aider à la production d’actions culturelles. L’organisation d’un fond de production organisé et financé par les CSE, qui est lié à la production artistique a été évoqué. Il s’agit aussi de s’interroger sur les lieux, qui détermine en parti qui peut accéder à cette production artistique. Ainsi, le lieu de travail est clairement mentionné, mais également les tiers-lieux. De manière générale, c’est également le souci de faire remonter les attentes et les envies des salarié.e.s qui est discuté. Il est ainsi proposé de trouver des moyens et des outils pour capter celles-ci. Les élu.e.s CSE sont ainsi une ressource d’autant plus essentielle.

2. Mettre en oeuvre des formations sur les enjeux de la culture dans le monde du travail : Quels besoins ? Quelle organisation ?

En revenant sur la réalisation d’une formation auprès des élu.e.s CSE qui s’est tenue en 2017 et en 2018, l’objectif de cet atelier était avant tout de remettre en débat la formes et les attentes d’une telle formation. En partant notamment du constat que élu.e.s CSE ont moins de temps, et passe plus de temps à gérer l’action culturelle qu’à en être les acteurs. La première chose qui est identifié est que les formations ne doivent pas se faire uniquement du côté des mondes du travail, mais aussi du côté des mondes de la culture, en prenant notamment en compte que ces derniers sont aussi un monde du travail. Les lacunes en terme de connaissance de chacun de ces deux mondes est en parti un frein à la mise en place de projets culturels, et les formations doivent donc s’adresser d’une part aux mondes du travail pour faire connaître les mondes de la culture, mais également aux mondes de la culture pour faire connaître les mondes du travail.

En ne s’adressant pas uniquement aux organisations syndicales, et en dépassant leur clivage, la formation a plus de chance de toucher un public plus large, voire un public historiquement peut concerné par les questions d’actions culturelles, et qui peuvent être loin des ressources que peuvent proposer les syndicats. Pour les élu.e.s, l’utilisation du congé social et économique (que l’on obtient de facto en tant que travailleurs pour assister à des formations syndicales) est un atout, et implique la mise en place de formation au travers des Instituts de Formations Syndicales.

En terme très concret de formation, il a été proposé de mettre en place des activités auprès des salarié.e.s pour les faire visiter des lieux culturels, les inviter à venir dans les salles pour leur faire connaître les espaces culturels, et les inviter à y revenir. Également, l’idée d’un catalogue de formations et d’activités a été formulée, qui s’adresse tout autant aux salarié.e.s et élu.e.s du personnel, qu’aux artistes. La question de savoir qui est touché par ses formations est venu au cœur des débats, et interroger sur les manières de toucher les travailleurs les plus précaires ou les indépendants. La communication inter-personnelle, et de facto la mise en place d’action culturelles sont des vecteurs non négligeables de transfert de savoir et d’information entre les salarié.e.s. Une commission a été constituée pour travailler à la réalisation et à la mise en oeuvre des formations.

3. Comment mutualiser les idées et les moyens pour construire ensemble des actions culturelles ?

Au préalable, cet atelier a posé plusieurs constats ou besoins, relatifs aux dynamiques de mutualisation :

  • Mutualiser des idées et/ou des moyens impliquent d’accéder à des ressources en termes d’informations. Ces ressources existent déjà sous plusieurs formes (site web des structures et institutions culturelles, réseaux d’acteurs de la création artistique, etc.). Il ne s’agit donc pas tant de poser le problème en termes de disponibilité de cette ressource mais bien des modalités d’accompagnement voire de formation des acteurs des CSE pour y accéder (l’idée d’une plateforme régionale numérique d’information a été évoquée).
  • Le second constat est celui d’un manque de lieux qui fassent sens (au sens d’espace physique) pour se réunir et travailler ces questions de mutualisation : à la fois lieu d’échanges, de médiation mais également de formation qui permettent aux acteurs de se rencontrer dans des dynamiques de reconnaissance mutuelle autour de projets communs à construire.
  • Il a également été évoqué la nécessité pour les CSE de s’ouvrir aux pratiques et expériences d’autres CSE (enrichissement mutuel) .
  • Il semble nécessaire que le CSE s’affirme à nouveau comme un acteur de son territoire d’implantation. À ce titre il est potentiellement en lien avec des acteurs d’autres champs : comme la Culture, l’Enseignement et l’Éducation, la Formation, le Social, etc. Des projets culturels et artistiques singuliers peuvent naître des liens tissés avec les acteurs de ces champs tous concernés ou potentiellement curieux de la présence de cette entreprise sur leur territoire et des salariés qui y travaillent.
  • Enfin il y a nécessité à former les acteurs du monde de la Culture au fonctionnement et aux usages de l’univers des syndicats et des CSE. Des projets robustes ne peuvent être mis en place sans une forme de réciprocité dans la connaissance mutuelle entre acteurs.

Deux contraintes majeures ont été identifiées comme pouvant entraver la recherche de mutualisation des idées et des moyens dans la perspective de développer des actions culturelles :

  • L’atteinte portée par la loi travail au nombre de syndicalistes et donc au temps disponible que ceux en poste peuvent consacrer à ce travail de mutualisation,
  • La double assignation territoriale des salariés d’une entreprise et de leurs représentants à la fois salariés d’une entreprise sur un territoire et habitants d’un autre territoire.

Il a été beaucoup question de dynamiques d’accès à la Culture (sans d’ailleurs que nous définissions très bien de quoi nous parlons). Il a donc été préconisé de distinguer, sans les opposer, ces dynamiques d’accès à la Culture liées à des formes de découvertes voire de sensibilisation aux arts et à des logiques de projets culturels et artistiques sur le travail. Logiques inclusives parce qu’elles impliquent, de fait, les salariés dans leur processus et qu’elles les concernent directement puisqu’ils en sont les sujets (par leur travail).

Aujourd’hui ces processus ne sont pas ou peu investis par les CSE alors qu’historiquement les CE en ont été des acteurs importants (voir la conventions de développement culturels impulsées à partir de 1981 entre le Ministère de la culture et les CE – 200 projets soutenus). La conséquence de cette quasi-absence des CSE dans l’impulsion et le développement de ce type de projet est que ce sont les directions d’entreprise qui investissent ce champ.

Derniers constats et réalisation à mettre en œuvre pour la suite

En dernier lieu, plusieurs constats sont revenus pour clore cette journée. Tout d’abord, les compagnies de théâtres sont très intéressées par ce type de projet, mais elles n’ont pas l’argent pour travailler sur ces projets. Comme nous l’avons déjà vu, le financement par les CSE est possible, mais compliqué par le temps que peut prendre la mise en place d’une pièce. Il faut ainsi imaginer une forme de résidence des comédien.ne.s, ou d’autres formes d’activités que peuvent mettre en place des compagnies pendant la réalisation de la pièce.

Si les CSE n’ont plus le temps de construire des projets culturels, la formation reste un appuie très important pour les aider dans leur démarche, créer des liens entre différents CSE, et des artistes, mais aussi donner confiance dans les élu.e.s pour la réalisation de ces projets. La mise en place d’un réseau qui mutualise des ressources pour tou.te.s est également un atout de taille, notamment pour éviter l’isolement des acteurs, et pour développer des initiatives culturelles.

​Enfin, il ne faut pas se focaliser uniquement au CSE, qui ne peuvent pas tous avoir de temps ou d’envie à se consacrer à la mise en place de projet culturel long et coûteux. Également, si l’identité syndicale ne doit pas être prise en compte pour élargir au mieux la portée du projet, c’est également aux acteurs non-syndiqués que s’étend la démarche de cette journée, et en encourageant ces acteurs à participer, cela participe également à ne pas donner une vision d’un entre-soi syndical.​

Actualités

  • Lettre d’information de TRAC N°2 – Août 2020
  • Lettre d’information de TRAC N°1 – Juin 2020
  • Compte rendu de la journée du 13 février 2020

Vidéos

  • Journée du 13 février 2020 – Atelier 03 : comment mutualiser les idées et les moyens pour construire ensemble des actions culturelles ?
  • Journée du 13 février 2020 – Atelier 02 : La formation : Quel besoin ? Quelle organisation ?
  • Journée du 13 février 2020 – Atelier 01 : À partir d’expériences : construire un projet culturel, pourquoi ? Comment ? Avec qui ?
  • Journée du 13 février 2020 – Étude-action sur les activités culturelles des comités d’entreprises
  • Journée du 13 février 2020 – Intervention d’Anne Marguery / Association Lectures Plurielles
  • Journée du 13 février 2020 – Intervention de Pascale Puig / directrice de Mon Ciné
  • Journée du 13 février 2020 – Intervention de Henri Errico / élu CSE de STMicroelectronics
  • Journée du 13 février 2020 – Intervention de Dorian Mellot / doctorant en droit social
  • Journée du 13 février 2020 – Introduction par Michel Szempruch

Ressources

  • Trois questions aux membres de TRAC
  • CE, histoires, mémoires, enjeux des comités d’entreprise en Rhône-Alpes (film)
  • Les activités culturelles des comités d’entreprise en Rhône-Alpes (présentation)
  • Les activités culturelles des comités d’entreprise en Rhône-Alpes (synthèse)
  • La fabrique des activités culturelles par les élus des comités d’entreprise : des choix militants ?

Agenda

Il n’y a aucun évènement à venir.

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